Durant l’hiver 2019-2020, la moitié occidentale de l’église a fait l’objet d’une fouille archéologique sous la direction de l’Office du Patrimoine et de l’archéologie du canton de Neuchâtel (OPAN). Il s’agissait de documenter les vestiges du sous-sol destinés à être détruit lors de l’installation des nouvelles infrastructures souterraines. L’essentiel du sous-sol ayant déjà été perturbé par l’installation des chambres de chauffe et des canaux de chauffage du 19e siècle, les investigations se sont concentrée dans le bas-côté sud, mieux préservé.
Comme dans la partie orientale de l’église fouillée en 2017, les fouilles ont permis de constater que le sol médiéval avait complètement disparu, mais qu’il devait être aménagé avec de grandes dalles de pierre jaune, dont de nombreux fragments ont été découverts. Ce sol recouvrait un niveau de sépultures, dont plusieurs dizaines ont été mises au jour. Elles datent certainement pour la plupart des 13e, 14e et 15e siècle, mais quelques tombes sont visiblement antérieures à l’église actuelle bâtie par étapes entre le dernier quart du 12e siècle et le 13e siècle. Les études spécialisées nous en dirons plus. Une forte densité de tombes a été constatée au niveau de l’ancienne porte méridionale, démontée en 1870, et au pied de l’ancienne chapelle St-Léonard. L’importance funéraire de cette dernière, dont la niche se poursuivait jusqu’au sol dès l’époque romane, semble être due au lien étroit qu’elle entretenait depuis la fin du 14e siècle avec la famille Fabri, puis la famille Merveilleux à laquelle elle fut ensuite transmise.
L’observation et la documentation des fondations du bâtiment ont permis d’appréhender un chantier médiéval progressant par tronçons. Leurs importantes différences de mise en œuvre et les changements de parti que l’on peut y reconnaître, en particulier un abaissement général du sol décidé très tard dans le chantier, laissent supposer que des intervalles chronologiques conséquents ont séparé les phases d’établissement des fondations. Ces observations rejoignent celles qui ont pu être faites sur les élévations, caractérisées en particulier par l’abandon soudain de la pierre jaune au profit du roc blanc. A l’évidence la construction de l’église, commencée tambour battant au niveau du chœur et du chevet, s’est achevée plus difficilement.
L’archéologie des périodes industrielles a aussi pu être abordée, puisqu’il a été possible de documenter les installations de chauffage du 19e siècle. Si les premières installations de 1848 sont des calorifères de surface qui n’ont pas laissés de traces, il a été possible d’identifier les restes du chauffage provisoire installé en 1856 pour le jugement des insurgés royalistes sous la forme d’une fosse et d’aménagements maçonnés occupant toute la largeur de la quatrième travée du bas-côté nord. Le gros des installations restantes appartient cependant au projet réalisé en 1868. Il est structuré autour d’une grande chambre de chauffe de 70m3 située sous la nef, accueillant alors un calorifère Staib de la maison Weibel et Cie à Genève, et vers laquelle convergeaient tous les canaux souterrains de circulation d’air et de fumée (aménagés en partie à l’aide d’ancienne dalles de l’église), ainsi que, au nord, le couloir d’accès pour le personnel qui traversait la cave à charbon (houille).
Ces nouvelles données, associées à celle collectées précédemment, vont faire l’objet d’études et d’interprétations plus détaillées sous la direction de l’Office du patrimoine et de l’archéologie du canton de Neuchâtel.
Christian de Reynier, canton de Neuchâtel
Archéologue du bâti
Janvier 2021